Rendez-vous en terre inconnue… sans Frédéric Lopez !

Alors que notre périple chinois s’achève prochainement, nous sommes allés tenter l’aventure dans les contrées de l’ouest (sauvage), aux portes du Tibet (précisément dans la région de la préfecture autonome tibétaine de Garze située dans le Sichuan, juste à l’est du Tibet). Le moins que l’on puisse dire c’est que nous n’avons pas été déçus !

Nous partons dans la matinée pour Kangding situé à 8h de bus de Chengdu, notre précédent stop. Après avoir été l’objet d’un véritable attroupement, nous finissons par retrouver notre hôte d’une nuit et laissons là le gros de nos bagages. Le lendemain nous partons pour Tagong (Laghang en tibétain) à 3h de route. Après avoir passé le contrôle de police (la région est sous surveillance en raison de soulèvements fréquents) et avoir consigné nos noms et prénoms sur leur registre, nous déjeunons à Laghang, village ostensiblement tibétain en terre chinoise. Ici personne ne parle le mandarin, et ceux qui le parlent font semblant de ne pas comprendre (vu notre niveau de chinois, cela ne nous a pas posé beaucoup de problème). Nous apprenons donc nos premiers mots de tibétain : Tashi Delek (Bonjour), Gongda (Pardon / merci), Kuchi (s’il vous plaît/ de rien). Le temps de visiter le joli temple local et nous repartons…

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Le monastère bouddhiste de Tagong

Notre premier campement est en fait une écolodge située non loin de Laghang, à 4000 mètres d’altitude. La maison, entièrement construite par Angela (une américaine originaire du Colorado) et son mari (tibétain), est super confortable et chauffée par géothermie et panneaux solaires. Elle dispose en outre d’un réseau d’approvisionnement en eau indépendant. Bon il n’ y a pas encore l’eau chaude mais ça ne saurait tarder (la maison a été achevée il y a peu) !!!! Nous prenons notre premier repas tibétain et découvrons les momos au Yack…. (un genre de dumpling avec de la viande de Yack et de la farce). Ici, le yack ne se tue pas pour la viande. Les tibétains ne mangent en fait que les yacks blessés ou tués auparavant par un loup, la viande de Yack est donc relativement chère (mais délicieuse).

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Deux de nos chevaux attendant paisiblement leurs cavaliers

Le lendemain matin nous faisons la connaissance de Djorlgo, notre guide de montagne, de Tashi, un jeune tibétain qui nous servira d’interprète et de nos chevaux. Les petits chevaux tibétains sont peu confortables mais ils grimpent les sommets sans trop de difficultés. Nous grimpons donc encore et encore pour profiter du paysage et de la vue sur le mont Yala (5800 m) avant de redescendre un peu pour retrouver les nomades tibétains qui viennent juste de redescendre des hauts pâturages. C’est déjà l’automne ici et le vent et les quelques nuages nous font oublier qu’en montagne le soleil tape très fort.

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Au coeur des montagnes tibétaines

Heureusement les enfants sont bien protégés (nous un peu moins malgré la crème solaire, sympa les coups de soleil !!!!). Après 6 heures de cheval en montagne nous arrivons enfin au campement et faisons la connaissance de notre hôtesse et de son plus jeune fils. Ses quatre autres enfants sont partis à l’école à Batang. Le gouvernement chinois oblige en effet les enfants tibétains à aller à l’école des minorités où ils apprennent le mandarin et sont nourris à la propagande nationale. Les protestations sont fréquentes dans la région mais le Bureau de la Sécurité Publique veille…. nous apprenons ainsi comment le gouvernement chinois a détruit plus de 6000 habitations à Larung Gar (les villes tibétaines construites autour des temples n’ont pas le droit de dépasser 5000 résidents).

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Les places des moines durant la prière

Autour de « notre » tente, les grosses bêtes poilues broutent paisiblement. Quatre fillettes d’autres familles installées alentours viennent nous saluer après avoir aidé leurs mères à rassembler les troupeaux de yacks. La séance dessin au coin du feu fait leur bonheur. Les bébés yacks sont rentrés ils partageront notre toit durant la nuit (les loups rodent dans ces montagnes).

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Les aigles et les vautours eux aussi attendent leur repas !

Nous goûtons au thé au beurre (de Yack), au yaourt fermenté (de Yack) et aux momos à la Tsampa et à l’ail sauvage (sans Yack). Les enfants font tout leur possible, mais même avec la meilleure volonté du monde, ils ne parviennent pas à finir leur momo qui – il faut l’avouer – à un gout de terre pas forcément cuite, avec les petits cailloux dedans… Ils se jettent en revanche sur le yaourt (sans sucre). Nous finissons tant bien que mal nos plats préparés spécialement en notre honneur….  afin de ne pas froisser notre hôtesse. Au moment d’installer notre couchage, il nous faudra toutefois expliquer que nous ne souhaitons pas dormir juste à coté des bébés yacks et de leurs excréments. Nous nous installons donc sur un amoncellement de peaux et de couverture de l’autre coté de la tente, entre les cendres de bouses de Yack séchées et consumées, et la bassine de lait fermenté (le bonheur surtout pour moi vu mon amour du lait!)

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Sacs de bouses de yack séchées pour le feu

La nuit est animée : les mugissements des bovins, les aboiements des chiens et les grognements des loups (?), la pluie, les ronflements de nos guides et les pleurs du petit, les agitations des bébés yack et la rhinite chronique d’un vieux mâle nous tiennent lieu de berceuse. Après une nuit sans sommeil (sauf pour le plus petit d’entre nous qui s’est écroulé comme une masse) nous nous réveillons la faim au ventre et découvrons avec un certain dépit le petit déjeuner du jour : Thé au beurre et Tsampa (farine d’orge grillée mélangée avec du beurre de Yack, humectée avec du thé au beurre et éventuellement un peu de sucre). J’ai presque envie de pleurer… Heureusement nos guides sortent de leur besace magique un petit paquet de biscuit secs, manne providentielle sur laquelle nous nous jetons avidement.

 

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Notre campement au matin juste après la pluie

La pluie a cessé, nous repartons dans les montagnes. Nous prenons le temps d’observer les multiples fleurs qui jonchent les prairies, dont de magnifiques edelweiss, les rapaces qui tournent en quête de proie et les papillons multicolores qui semblent nous suivre. Les loulous sont enchantés, encore une belle occasion de faire l’école sans en faire vraiment. La faune et la flore du Tibet seront l’objet du prochain cours de sciences grâce au superbe herbier que nous préparons et aux observations faites lors de la randonnée.

 

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La montagne avant l’orage…

Une fois notre (très frugal) pic-nic avalé, nous remontons en selle, mais les nuages s’amoncellent et la pluie commence à tomber. Rapidement les gouttes d’eau se transforment en grêlons et le chemin déjà boueux devient vraiment glissant. Les petits chevaux continuent leur chemin au pas ou au trot selon le terrain mais les éclairs et le tonnerre les effraient alors que nous sommes encore à une bonne demie-heure de notre point d’arrivée. Les chevaux sont tellement agités dans la pente que notre guide est obligé de descendre de sa jument pour nous guider. La pente est raide, glissante et les grêlons brulent sur nos mains. Les vêtements de pluie ne parviennent pas à nous garder au sec et mon petit binôme commence vraiment à s’effrayer. En revanche notre jeune cavalière émérite, elle, maitrise son petit cheval comme une pro. Nous parvenons tant bien que mal à descendre enfin la colline.  Après cette -pas si petite – frayeur nous parvenons au refuge avant la tombée de la nuit. Nous nous réchauffons autour du poêle et nos guides nous proposent cette fois un vrai repas composé de poivrons, de riz et de cacahuètes cuites.. le bonheur absolu !

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Notre refuge

De vrais matelas d’au moins 5 cm d’épaisseur nous attendent et la nuit sera meilleure pour presque tout le monde. De mon côté, une migraine lancinante s’installe et ne semble pas vouloir me laisser dormir. Notre randonnée s’achève le lendemain avec une quasi-omelette espagnole made in Tibet et la visite de la Nunnery de Gyerko. Le retour à la ville en 4×4 donne l’occasion aux enfants de jouer à saute mouton en voiture (cet article n’est pas sponsorisé par la prévention routière)…. Bouddha seul sait où ils trouvent cette énergie !

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Moulins à prières, couvent de Gyerko

 

En résumé, c’était génial ! (Et pour voir la version des enfants, c’est ici)

 

Épilogue : Quelques 7 heures de voiture nous attendent le lendemain pour rejoindre notre prochaine destination : Emeishan. Notre chauffeur ne parle que tibétain, il ne connait pas vraiment la route, son GPS date de 2000 et il ne lit ni les chiffres arabes, ni l’alphabet romain…. ni le chinois ! L’aventure n’était pas terminée en fait…

 

 

 

 

 

8 commentaires sur “Rendez-vous en terre inconnue… sans Frédéric Lopez !

  1. Coucou , les photos de cet article sont trop belles !!!! J’attends avec impatience le prochain article !!!! Gros bisous 😘 on se voit  » bientôt  » ❤️😘😍 Louna et la familly

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    • A la rigueur on aurait préféré à rien 😀 …. j’avoue que la Tsampa non sucrée à l’ail sauvage c’est un peu dur ! Enfin pour nos premiers jours au Nepal on se régale… on est dans une maison d’hôte au milieu des rizières, c’est le bonheur ! Bisoux de nous 4 !

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