Le voyage est une aventure. Pour chacun, à sa mesure, à son rythme, le voyage représente un pas vers l’inconnu. Lâcher prise, attendre, se perdre, être émerveillé ou déçu, s’étonner toujours, vivre au tempo des autres, attendre encore et marcher, rouler, voler…. se laisser surprendre enfin, comme l’enfant qui ferme très fort les yeux devant son cadeau pour retarder un peu le moment de voir si celui-là est aussi beau que dans ses rêves…  

Pour nous qui voyageons en continu depuis près de huit mois, ces émotions, c’est paradoxal, sont presque devenues une  » routine « . Le saut dans l’inconnu tient à présent plus du vol en douceur, bien au-dessus des vicissitudes du tourisme et des tourments du voyageur pressé. Les valises à faire et à défaire, les longues heures d’attente, les trajets interminables, les hôtels parfois insalubres font partie de notre quotidien, sans qu’on n’y prête aujourd’hui grande attention. Plus proches de nos émotions, nous sommes aussi plus attentifs aux petites et grandes merveilles qui nous entourent: un restaurateur particulièrement sympathique, l’eau transparente ou turquoise de la mer, un chemin de cocotier, le ciel bleu profond à Bangkok (si si cela arrive parfois entre deux jours de pollution). Surtout nous sommes attentifs au fonctionnement, à l’harmonie de notre quatuor, à notre bulle de bonheur….

Cette longue digression est le fruit de sentiments contradictoires, si nous vivons avec bonheur ce cocooning, c’est cependant avec un vrai plaisir que nous avons accueilli nos premiers « invités » pour quinze jours en Thaïlande. L’être humain est fait pour vivre en société et dans notre nano-société, le besoin d’autrui était là…. Le besoin des enfants de jouer avec leurs pairs, qui plus est avec de supers potes, le besoin pour nous de parler avec d’autres adultes, de revivre un peu de cette vie en société à laquelle nous étions si accoutumés avant le départ.

Nos voisins – et néanmoins copains – nous ont rejoint en fermant les yeux (pour mieux se laisser surprendre ?) pour quinze jours et trois étapes : un petit tour en Thaïlande pour en découvrir, comme une mise en bouche, les différents parfums : les temples bouddhistes de la trépidante Bangkok, la jungle, les cascades et le centre de protection des éléphants de Kanchanaburi et enfin la plage et les eaux turquoises de Koh Samui… Parenthèse pour eux dans le froid parisien, un grand saut vers l’inconnu, ce long voyage vers un pays lointain, vers des copains que l’on connait mais les connait-on si bien? Seront-ils là à l’aéroport ?

Parenthèse pour nous, car ce voyage c’est à huit qu’il s’est joué, à deux familles et huit voyageurs aux attentes diverses. Qu’est-ce que chacun imagine derrière ses yeux fermés? Parenthèse aussi parce que nous avons mis plus de lenteur dans le rythme du voyage, plus de confort, d’avion et de piscine, moins d’imprévus. Parenthèse enfin car en sortant de notre bulle nous avons vécu un autre voyage, des moments de discussion joyeuse entre adultes, lorsque les enfants étaient trop occupés à plonger et à jouer, le barbecue au bord de la piscine, l’ambiance grande famille du petit déj le matin… Une vraie coupure dans notre routine, une parenthèse à l’intérieur de notre parenthèse….

Merci à vous 4 pour cette jolie coupure, on se retrouve dans quelques mois à Paris.