Au bord du détroit, de Malacca à Georgetown

Il ne nous a fallu que quelques heures de bus sous des trombes d’eau pour rejoindre Malacca depuis Kuala-Lumpur, quelques heures pour rejoindre une ville dont l’histoire parle de six siècles de commerce maritime, de conquêtes chinoise, portugaise, hollandaise et britannique et de piraterie. Melaka comme on l’appelle ici c’est surtout, pour le commun des mortels et des professeurs de géographie, le nom d’un détroit – d’un passage stratégique selon la formule académique – par lequel transite une grande partie  du commerce maritime mondial; plus de 70 000 navires et environ 800 million de tonnes de marchandises chaque année, et , toujours, quelques pirates…

Melaka

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Les vestiges de cette fascinante histoire ne sont pourtant pas faciles à trouver, il y a bien une ancienne église portugaise, l’Église de la mère-de-Dieu rebaptisée Église St Paul, dont les quatre murs sans toit se dressent au sommet de la colline du même nom. Les pierres tombales immenses, alignées, témoignent de la présence des portugais depuis 1511 et du changement de pouvoir entre portugais et hollandais à compter de la moitié du XVIIème siècle.

Il y a aussi cette stèle, neuve, érigée sous la pression de la communauté sinophone et dédiée à Zeng He, le célèbre navigateur chinois du XVème siècle. Mais c’est à peu près tout. Pour autant Malacca, enfin son centre historique, possède un indéniable attrait, de jolis bâtiments, des ruelles qui serpentent, d’improbables maisons victoriennes laissées à l’abandon, quelques maisons chinoises traditionnelles, quelques bons restaurants.

Les ruelles endormies le jour se réveillent le week-end lorsque des milliers de singapouriens et de chinois débarquent pour le célèbre marché de nuit. Elles se réveillent lors de la procession de Wesak, l’une des nombreuses, très nombreuses fêtes religieuses célébrées dans la ville.

Ici  les temples chinois côtoient la mosquée, des jeunes filles en saari flirtent dans les rues avec des jeunes garçons portant kufi sur la tête, les habitants fêtent Bouddha et Jésus venant main dans la main répandre le bonheur sur terre (Sic), les policiers font la chasse aux jeunes en moto, étrange ville, étrange ambiance. Étrange, mais très attachante.

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La chance aux chansons, Marché de nuit, Melaka

Après quelques jours passés à fuir notre chambre d’hôtel miteuse, (le warisan éco lodge pour ne pas le nommer), et à déambuler dans les rues de l’ancienne cité portuaire, nous nous embarquons pour un voyage en bus de 9 heureIMG_3946s qui doit nous conduire jusqu’à Penang, notre nouvelle demeure pour les deux prochaines semaines. Cette pause était attendue, souhaitée et souhaitable. Après 10 mois et demi de voyage, nous étions fatigués et l’énergie pour poursuivre commençait à se dissiper. Deux semaines dans un appartement à faire ses courses, sa lessive, à cuisiner des salades et de la ratatouille, à s’affaler sur le canapé devant la télévision.

Ça fait rêver non? Et pourtant nous, on en rêvait et on a aimé chaque moment de ce retour à la normal ou à l’anormal. Les enfants ont adoré faire les lessives et ranger leurs affaires, nous avons pris un plaisir de dingue à cuisiner « comme à la maison » et même à faire les courses. Bon y avait aussi la plus belle piscine dont on puisse rêver dans le condominium, un vrai paradis sur terre….

Tanjung Penaga (aka Georgetown)

Mais nous n’avons pas fait que nous prélasser au bord de notre piscine-lagon ou sur notre canapé…. nous avons fait nos visas de 60 jours pour l’Indonésie, ce qui ne fut pas une mince affaire, nous nous sommes délesté de quelques kilos de bagages renvoyés en France et nous avons évidemment visité Georgetown.

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Tanjung Penaga au contraire de Melaka porte haut et fort les vestiges de son passé colonial « sino-britannique ».  Les rues sont charmantes, ornés de cafés et de boutiques de souvenirs, les bâtiments sont pour beaucoup, joliment restaurés et de nombreux temples chinois viennent apporter une touche de couleur vive aux rues ensoleillées. Mais surtout il y a à Georgetown la petite touche arty qui va bien… j’ai nommé le Street Art !

Enfants sur des vélos, chats, visages de 2m50 de haut, Mickey et Dark Vador à une table : parcourir les rues à la recherche des dessins sur les murs et trouver la pose qui va bien pour la photo voilà comment faire passer deux heures de marche sous le cagnard pour une véritable partie de chasse au trésor !

Notre bonne humeur est-elle que nous tenterons l’expérience Durian dans Chew Jetty, un des derniers quartiers d’immigration chinois créé sur la mer et pilotis (zeugme). Le coin est joli mais l’expérience bien qu’enfermée dans des choux à la crème (au Durian) est horrible ! Un débat gastronomique virtuel s’engage : le Durian en lui-même peut-il avoir un goût pire que ce que nous venons d’avaler ? Cependant aucun de nous n’est prêt à servir de cobaye. Malgré notre amour de la science et du savoir, nous reconnaissons à l’unanimité que certaines questions doivent demeurer sans réponses…

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Chocolat (??), Matcha (????) et Durian (!!!!!!)

Après un dernier adieu à la piscine et au bel appartement, nous rendossons nos sacs à dos allégés et c’est avec un regain de motivation et une envie d’aventure retrouvée que nous nous envolons pour l’Indonésie.

 

2 commentaires sur “Au bord du détroit, de Malacca à Georgetown

  1. « le Durian en lui-même peut-il avoir un goût pire que ce que nous venons d’avaler ? »
    Alors à vrai dire, je serai assez tentée de répondre « oui » à cette question. Un « oui » franc, honnête, massif.
    Parce que là, vous avez échappé à la texture du fruit, bande de veinards 😉 Quid de l’odeur dans cette petite patisserie??
    Je crois définitivement qu’il y a des choses auxquelles nous ne sommes génétiquement ni programmés, ni préparés. Et je mets le durian dans le top 3 !

    J’étais passée seule à Melaka il y a quelques années, et j’avais eu la chance de faire la rencontre d’un local qui m’avait trimballée pendant 4 jours, mais au-delà de cette rencontre formidable, la ville ne m’a pas beaucoup touchée.
    Georgetown c’est aune autre histoire. Et je suis ravie que mari et enfants aient eu le même coup de coeur pour cette ville. Coup de coeur architectural, gastronomique, culturel. Tout, on aime tout !

    Selamat Jalan, on a hâte de découvrir l’Indo avec vous !

    J’aime

    • J’admire… Goûter au Durian c’est vraiment au-dessus de mes forces. déjà que l’odeur des trains indiens me fait toujours cauchemarder… Je suis d’accord en tous cas sur le fait que nous ne soyons absolument pas programmés pour avaler cette… chose. C’est vrai que Georgetown a quelque chose de particulier mais je crois que tout à notre plaisir d’avoir enfin un appartement où se poser nous n’avons pas assez profité de cette ville… Peut-être une prochaine fois !
      Allez on vous embarque pour l’Indonésie, ça commence fort avec les Orang-outans ! A bientot

      Aimé par 1 personne

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