Notre séjour en Malaisie a connu une genèse chaotique. Incluse dans notre programme initial, nous l’avions écartée après nous être un peu renseignés, pensant qu’un séjour malaisien n’offrait a priori rien qui ne puisse s’être déjà vu ailleurs en Asie du sud-est. Mais finalement le pays offrant quelques curiosités et notre itinéraire nous laissant trois semaines de libre, nous avons sauté le pas. Malaisie, nous voilà !
Notre voyage n’est certes pas encore fini, cependant après avoir écumé les « premières fois« , nous commençons doucement les « dernières fois » : dernière frontière terrestre entre le Cambodge et le Vietnam, dernier train de nuit au Vietnam et avant-dernier pays de la liste (antépénultième en comptant Singapour)…. C’est donc en avion que, depuis Ho-Chi-Minh, nous rejoignons Kuala Lumpur. Nous passons la douane avec le sourire vu la facilité et le peu d’attente au guichet et nous débarquons en Malaisie contents mais sans attente ni excitation particulière. Ou plutôt si. La perspective d’une longue pause – au regard de notre actuel rythme de croisière – sur l’île de Penang, au même endroit pendant deux semaines, dans un quasi chez-soi (un appartement très vaste et attrayant à en croire les photos sur internet) doté d’une immense piscine, suscite de grandes attentes. Pour les petits comme pour les grands, car à l’approche de notre onzième mois de voyage, si un peu de nostalgie se fait jour, elle le dispute à l’idée que notre parenthèse asiatique touche bientôt à son terme. Pour l’heure, nous arrivons à KL et sommes un peu impressionnés pas l’aéroport qui, par sa taille et son opulence, nous rappelle ceux de Bangkok ou de Shanghai.
Coucher de soleil du haut de la passerelle des tours Petronas
Que dire de notre surprise quand nous devons prendre un métro pour aller seulement récupérer nos bagages ! Et notre étonnement ira croissant. Notre point de chute est un appartement au centre de Kuala Lumpur (trouvé au dernier moment et en promotion) que nous rejoignons en voiture. Notre conductrice, réservée par nos hôtes, est à l’heure, connectée sur What’s app, elle parle anglais et elle conduit merveilleusement bien.😍 😍
Musée national et ses jolis arcs polylobés
Le trajet dure à peine une demi-heure pour 40 km… À simplement les lire, tous ces petits détails semblent anodins, pour ne pas dire totalement inintéressants. Mais pour nous, à ce moment, ils confinent au magique voire au surnaturel. Voyager confortablement pendant deux heures, récupérer rapidement nos quarante kilos de bagages sans avoir à les porter en grande partie sur notre dos, trouver facilement une voiture pour nous emmener sans avoir à se caler une partie des sacs sur les genoux, avoir un(e) chauffeur(e) qui parle anglais, rejoindre sans encombre notre appartement tout près du centre ville (s’il en existe vraiment un seul à KL)… Ces choses si simples et, en apparence, si communes ont, après 300 jours de voyage une saveur toute particulière que nous goûtons sans modération.
L’alliance de gratte-ciel et d’immeubles plus anciens (non pas décrépits) dans Chinatown
Bien entendu, Kuala Lumpur est une métropole et en a toutes les caractéristiques. Des routes express entre des gratte-ciel, un centre des affaires en pleine activité, de nombreux chantiers hérissés de grues, des malls commerçants tous les cinq cents mètres, des musées et un office de tourisme très efficace, de grands parcs autour entre les quartiers de KLCC et Merdeka (ce qui signifie « indépendance » en bahasa melayu), des bus nombreux et en bon état, des touristes et des expat de toutes nationalités, des panneaux de signalisation partout et même des feux tricolores. Certes, nous avons visité de grandes villes, mais là, nous sommes un cran au dessus. Alors, nous ferons du tourisme …urbain ou presque.
Bourse de commerce
Et les activités ne manquent pas. Balade dans les environs de notre résidence et autour de Bukit Nanas (la colline des ananas), véritable morceau de forêt tropicale préservée depuis 1906 en plein coeur de KL. Nous y faisons une chouette promenade à la découverte du « treetop walk« , une longue promenade à travers la canopée des arbres du parc sur des ponts sautant de troncs en troncs. Entre les arbres, la vue est impressionnante.
Treetop Walk, Bukit nanas
Shopping, bien sûr, car notre garde-robe fatigue et s’élime. Et puis, chose qui ne nous est pas arrivée depuis bien longtemps, il faut faire de courses si l’on veut manger.
Le MANJA, un restaurant où la Noix de Coco ne sert que de plat…. (en vrai on aime la noix de coco mais pas dans le café, c’est tout!)
Et entre les rayons surchargés, notre régime alimentaire promet d’être moins contraint ou exotique que quelques semaines auparavant (premier objectif : salade, tomates, pain, café sans coco). Alors, hop, on prend un caddie et c’est parti. Au chapitre gastronomique, il faut cependant reconnaître que la cuisine malaisienne vaut, en elle-même, le détour et pour ceux qui fuient les épices, Kuala Lumpur regorge d’autres options culinaires, dans des restaurants classiques ou dans les malls. Paradoxe en cette période de Ramadan, tous les restaurants (ou presque) sont ouverts alors qu’une grande partie de la population jeûne la journée. Avant 19h, vous êtes souvent seuls à table et l’attente n’est pas longue (Chose rare en Asie).
Les tours Pétronas, évidemment. L’attraction de KL avec un grand « A ». La visite – qui se prépare et se réserve – vaut le détour. Elle se déroule en deux phases, puisqu’on s’arrête d’abord sur le pont reliant les deux tours à quelques 140m du sol, avant de gagner le 86 étage pour une vue panoramique sur la ville. En prenant son ticket pour 19h, on peut donc assister au coucher du soleil sur la passerelle et photographier « by night » la ville depuis le sommet d’une des tours.
Du haut du 88ème étage….
Mais KL ce ne sont pas que les tours et les grattes-ciels. A l’image de ses habitants, la ville est cosmopolite. En quelques pas ou stations de monorails, vous passez des bâtiments anglo-arabes de l’ère victorienne aux temples hindous, des lanternes chinoises aux arcs polylobés, de la mosquée au caviste….
Mais la nature sauvage n’est pas très loin et nous allons le vérifier à Kuala Selangor, à une heure de route de KL. Nous avons successivement rendez-vous avec des singes en liberté, des aigles et des lucioles. Sur bukit Melawati, nous faisons connaissance avec des langurs et des macaques autour d’une grappe de raisin. Et les langurs s’avèrent plus délicats et sociables que leurs voisins. Finalement, notre grappe de raisin suscitant tant de convoitise que d’avidité, nous l’abandonnons pour descendre vers le fleuve.
Ce langur au regard si doux
C’est en bateau que nous assistons à deux ballets. Le premier, de jour, où une nuée d’aigles tournent et plongent en ballet sur des appâts jetés à l’eau. Nous observons, captivés, les rapaces qui virevoltent devant nous. Le second ballet s’effectue de nuit. Longeant les rives du Selangor, nous contemplons les centaines de petits points scintillants dispersés dans le feuillage des arbres, qui s’allument, clignotent ou s’éteignent. Spectacle rarissime et incroyable – ponctué de l’inévitable babillage chinois car nous ne sommes pas seuls sur notre embarcation.
Les aigles pêcheurs (ou chasse au poulet)
Force est de reconnaître qu’après une petite semaine, le charme malais a opéré. Et si nous ne visiterons ni jungle ni plage dans cet accueillant pays, nous n’en avons pas moins hâte de découvrir nos prochaines étapes. Prochain arrêt : une ancienne ville de pirates, Malacca !