Angkor, what else?

L’évocation de la cité d’Angkor éveille souvent chez le voyageur dans l’âme, le mystère et l’inconnu, le désir presque atavique de revivre ces grandes aventures qui furent celles des archéologues du début du 20eme siècle. Un peu d’Indiana Jones sommeille chez ces rêveurs a la recherche d’un temple dont l’unique malédiction serait de nous faire oublier le quotidien pour nous projeter dans un monde fantasmagorique fait de temples sacrés et de statues votives.


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Nous n’étions pas exempts de ces douces rêveries en quittant la Thaïlande, cherchant depuis quelques temps à sortir de notre petite rengaine voyageuse, certes mélodieuse mais manquant un peu – à notre de goût – de rythme et d’envolées lyriques…
L’être humain est décidément une créature bien fascinante qui s’habitue a tout même lorsque ce tout signifie changer de lieu tous les 3 ou 4 jours et ce à l’autre bout du monde…

Toujours est-il qu’après quelques huit heures de voyage en bus nous arrivions donc des rêves plein les poches à Siem Reap, poste frontière entre le monde réel et celui de l’aventure…. Une légère appréhension pourtant ne nous quitte pas, et si nous étions déçus?

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Déçus ? Oui car certains l’ont été et l’ont raconté… peut être n’aurions nous pas dû lire leurs écrits avant…. Mais nous ne sommes plus au temps des aventuriers, aujourd’hui il y a les guides, les app sur smartphone et les blogs qui se veulent pratiques ou descriptifs, mais où chacun raconte son aventure, sa découverte d’Angkor…. ou d’ailleurs (c’est en fait exactement ce que nous faisons sur ce blog). Alors forcément on jette un coup d’oeil et souvent on déniche un lieu oublié des guides, une info vraiment utile ou une petite perle, mais parfois ce qu’on lit fait vraiment peur … d’où l’appréhension.

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Selfie d’époque

Déçus?  Il y a évidemment un risque car si Angkor est le plus grand ensemble palatial du monde c’est surtout un des ensemble historique les plus visités au monde, des millions de touristes qui se pressent sur les ruines des temples à la recherche de la plus belle photo ou plutôt du selfie qui engendrera le plus de like et leur permettra d’augmenter leur nombre de follower sur insta… et je ne parle pas des cars de touristes chinois. Oui le monde a changé, nous sommes loin, très loin, de la petite expédition d’Henri Mouhot et de son chien Tine-Tine en 1860 !

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Ce qui s’étend sous les yeux des premiers explorateurs et des archéologues qui redécouvrent Angkor, ce ne sont pas simplement des ruines de temples abandonnés que les khmers disent construits par les géants ou les Dieux.

Ce n’est pas seulement la trace certes effacée mais pourtant bien réelle de la capitale d’un Empire qui domine la péninsule indochinoise du IXème au XIIIème siècle.

Ce ne sont pas non plus les simples vestiges de l’une des plus grande cité du Moyen-âge, estimée aujourd’hui à plusieurs centaines de km2 bien que l’étendue du site soit toujours en discussion, le terrain n’ayant pas été entièrement fouillé en raison de la densité de la jungle et des mines antipersonnelles.

C’est aussi l’exemple le plus incroyable d’entropie. A Angkor, la nature, en l’espace de quatre siècles (le site est abandonné définitivement au 16ème siècle) n’a pas seulement envahi les ruines, elle les a englouties. La végétation s’étend partout, sur les sols, les portes, les toits n’existent plus et de nombreuses pierres sont à terre, les arbres prennent pied sur les murs d’enceinte et s’élèvent jusqu’au ciel, leurs racines épousent les pierres telle une coulée de lave. Le spectacle a quelque chose de sauvage. S’il est encore possible de l’admirer aujourd’hui c’est que ces archéologues, fascinés par ce qu’ils voient mettent tout en œuvre pour préserver et restaurer l’ensemble tout en conservant les traces de ce combat entre minéral et végétal.

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Quelques temples ont été entièrement « nettoyés » c’est le cas de Bayon ou d’Angkor Wat. D’autres ont été habilement mis en scène : les arbres les plus imposants et leurs racines envahissantes ont été conservés, comme si le combat durait encore, comme si la main de l’homme n’était pas présente à chaque instant pour contrôler l’expansion de cette jungle sauvage qui ne demande qu’à reprendre ses droits, comme si …

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Et nous on y croit. Et on y croit encore plus lorsque après les circuits traditionnels nous faisons passer nos vélos sur un pont en fer à peine assez large pour nos montures et qu’au détour de chemins de poussière et de racines nous nous retrouvons seuls devant le petit Tao Nei, perdus dans la jungle. On cherche Mowgli et Bagheera…

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Tout à nos songes, nous jetterons un voile pudique sur les pillages qui ont suivi la découverte du site. Une grande partie à été restituée et se trouve à présent au sympathique petit Musée National du Cambodge a Phnom Penh ou à celui de Siem Reap. Le reste est au Musée Guimet, place D’Iéna.

Alors Angkor ? Nous avons vécu notre aventure, elle était belle, magique, étonnante, impressionnante, fatigante mais surtout réjouissante. Une expérience à vivre avec un peu de chance, beaucoup de curiosité et d’enthousiasme, quelques litres d’eau et en tournant la tête du bon côté.

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